UNSTABLE EQUILIBRIUM
2020 - 1300 x 800 x 250 mm - 51.2 x 31.5 x 9.8 in
Birch plywood - Glass - Acrylic paint - Polyester - PMMA
Led tape - Power supply Meanwell NPF-90-24 - 110/220V
Led controllers
Single original work
Contreplaqué bouleau - Verre - Peinture acrylique - Polyester - PMMA
Ruban led - Alimentation Meanwell NPF-90-24 - 110/220V
Controleurs Led
Exemplaire unique
« Comment le peintre ou le poète pourrait
exprimer autre-chose que sa rencontre avec le monde ? » Merleau-Ponty
Unstable equilibrium nous installe dans une intimité.
Composition harmonieuse, qui mêle en confrontant les échelles, photographie, installation, architecture, design au sens noble du terme (celui-là, définitivement lié à l'idéalisme des années 50) , et,
qui se définit comme un instantané à la croisée des époques
qu'elle convoque avec audace.
Une micro-fiction s'épanouit dans un équilibre singulier unique : micro-architecture poétique, évocatrice, en balance.
Parfaite réussite d'une alliance maitrisée, à multiples médiums
et références, manipulés délicatement :
pour une harmonisation autour de la ligne architecturale .
Cadre épais et autonome, « habité » par un couple américain solidaire, via le biais d'un triptyque photographique optimiste, à première vue : Point d'orgue rouge battant et lumineux de cette micro-architecture. Les trois images rétro-éclairées donnent en tout premier lieu une échelle et une humanité à notre affaire.
Le couple pose fièrement dans UN intérieur : l'évolution chromatique cependant, du triptyque nous emmène doucement vers un effacement , une disparition certaine : intensité évolutive, signe d'une fragilité latente.
Le tryptique photographique est flanqué à sa gauche d'une constellation de
petites formes blanches, volantes, aspirées vers le haut,
agglomérées parfois, détachées souvent, rythmant aléatoirement
ce microcosme artistique d'une neutralité bienveillante et oecuménique.
(sphère mathématique, chimique, nucléaire, onirique, balnéaire ou Dalienne.. )
Signe contemporain -s'il en est ?- pour la polyvalence de son interprétation ( Bateau ). Trois sphères lévitent. Détachées.
A droite : quelques tracés géométriques noirs superposés, entremêlés mais pas trop . Maitrisés, composés : la lisibilité est de mise. Epure architecturale :
limites d'un espace projeté, d'un espace cartésien. Plans composés.
Clin d'oeil aux Cases Study Houses californiennes, probable.(Fifties again). Intérieur-extérieur. Limite et flexibilité. Ni sol, ni plafond. Variation de texture, petite grille ajourée, pince double clip noir suspendue. Accessoire.
Cette esthétique moderniste est renforcée par le choix d'un petit
habitacle couleur bois, oblongue– allure « Charles et Ray Eames »- définissant équilibre précaire des horizontales et verticales, dans le cadre, suspendu : souligné par un texte blanc, surligné par un boitier noir. ( à typo blanche ). Cadre volumique, en porte-à-faux, encadré.
Everything matters. Nothing matters terribly. Blanc et noir.
Placé au centre : « Unstable equilibrium » en linéales noires, haut-de-casse. « Base-line » : souhait, légende, regret, constat, anticipation, illusion. Confirmation des paradoxes : suspension et fragilité, la beauté par l'équilibre et la confrontation des lignes.
« Une ligne, c'est un point qui fait une promenade » .Paul Klee.
Unique ligne de gravité horizontale en capitales, contrebalancée par trois discrètes verticales, allégeant la perception de l'ensemble.
Une nouvelle lévitation pourrait se mettre en place de façon illusoire :
petit mirage de suspensions.
Mobile et immobile, abstrait et figuratif, concret et suggéré équilibré et déséquibré, vide et plein..
Noir et blanc.
« Dans chaque cas, il faut parvenir à une solution simultanée des oppositions ». ( Alvar AALTO )
La projection d'un idéal, composé d'élements parfaitement assemblés dans un espace miniaturisé mais réel.
Contrôle assuré, par le cadre, la blancheur immaculée ambiante. Comment ne pas voir dans Unstable Equilibrium le dépassement des limites assignées à toutes les disciplines artistiques ? Entre-autres ?
Les photographies couleur sont ponctuations, les lignes typographiques structures, l'objet en trois dimensions, et ligne graphique et point d'ancrage à tout le paysage.
L'objet lumineux « instable aquilibrium »,plus qu'un tableau, est univers : perméabilité des disciplines, oui, mais verrouillée dans un instantané. Un syncrétisme esthétique, une réponse qui embrasse tous les champs des arts, avec déférence :
sans cynisme, sans révolution, sans discours.Ou si peu. Avec délicatesse, singularité, et beauté, et poésie.
Instable equilibrium abrite aussi nos rêveries.
« N'habite avec intensité que celui qui a su s'y blottir.
et toujours dans nos rêveries, la maison est un grand berceau. » ( Merleau-Ponty)
«Le bienfait le plus précieux de la maison est qu'elle abrite
la rêverie. La maison protège le rêveur, la maison permet
de rêver en paix ». (Bachelard )
Instable Equilibrium comme un refuge pour notre corps ,
esprit, mémoire, et identité : une invitation à habiter la lumière. Bien plus qu'un cabinet de curiosité qui ne porterait pas ce nom, Oeuvre trop ancrée dans notre contemporanéïté.
« Une oeuvre d'art se doit d'embellir la vie ». Goethe
L'oeuvre éclaire notre intérieur, enchante notre quotidien
par ses réminiscences, ses évocations, ses harmonies subtiles
et fragiles, par son esthétique raffinée et sa mise-en-oeuvre parfaite. Réconciliation des contraires et sublimation des arts au pluriel.
Prenant place dans l'atelier des créateurs, elle ouvre
une mise-en- abîme dialectique : en écho avec une conception du lieu
tirée au cordeau, minimaliste et dépouillée, intégrant avec bonheur , ici et là , concessions à l'anecdote, l'anonyme, la fiction, le figuratif, la couleur. Justesse des placements et concordance des éléments convoqués,
dans un cadre dominé.
La pièce manquante. ( Mobile et autarcique). Protection.
Et propose, au fond, à qui sait la regarder, un retournement salutaire,
de l'extérieur vers l'intérieur ,synonyme d'une promesse :
« Enfin, le Royaume ».
« l'infini n'est autre
que le va- et-veint
entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche.
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau,
Entre source et Nuage »
( François Cheng )
by Nathalie Cavelier, January 2020